LE NOUVEAU CODE MINIER AU MALI : UNE CHANCE POUR LE CONTENU LOCAL ET L’ÉCONOMIE NATIONALE

LE NOUVEAU CODE MINIER AU MALI : UNE CHANCE POUR LE CONTENU LOCAL ET L’ÉCONOMIE NATIONALE

Dans une émission spéciale diffusée sur TM1, chaîne de télévision malienne, des experts et acteurs clés du secteur minier se sont réunis pour discuter des réformes audacieuses introduites par le nouveau code minier malien, promulgué en 2023. Cette émission, intitulée "Nouveau Code Minier : Une Chance pour le Contenu Local", a accueilli trois invités de marque : Maïmouna Traoré, présidente-directrice générale de CV Civil Structural Africa, Djibril Diallo, géologue minier et président de l’Association pour la Promotion et la Valorisation des Ressources Minières, et Modibo Mao Makalou, économiste et ancien du secteur minier. Le débat, animé par des reportages et des analyses approfondies, a permis de mettre en lumière les enjeux et les opportunités liés à ces réformes.


Le secteur minier malien, pilier de l’économie nationale, représente 80 % des exportations et contribue à 10 % du produit intérieur brut (PIB). Afin d’assainir ce secteur et d’accroître sa contribution à l’économie, le Mali a entrepris des réformes audacieuses, notamment l’adoption d’un nouveau code minier en 2023. Ces réformes ont déjà permis des renégociations avec les compagnies minières, engrangeant plus de 700 milliards de francs CFA en 2024. Mais quelles sont les spécificités de ce nouveau code minier ? Quel est son impact sur le contenu local et l’économie nationale ? Ces questions ont été au cœur de l’émission.


Les Réformes du Nouveau Code Minier : Un Changement de Cap

Le nouveau code minier, promulgué le 29 août 2023, introduit plusieurs changements majeurs. Parmi les plus significatifs, on note l’augmentation de la participation de l’État dans les compagnies minières, passant de 20 % à 35 %, dont 5 % réservés au secteur privé malien. Cette mesure vise à renforcer le contrôle de l’État sur les ressources minières et à maximiser les retombées économiques pour le pays.


En outre, une taxe progressive basée sur les fluctuations des cours de l’or a été instaurée. Cette taxe, appelée taxe ad valorem, est calculée sur la valeur de la production d’or avant son exportation. Avec l’or atteignant des sommets historiques (plus de 2 700 dollars l’once en 2024), cette taxe permet à l’État de capter une part plus importante des revenus générés par l’exploitation minière.


Le Contenu Local : Une Opportunité pour les Entreprises Maliennes

L’un des aspects les plus marquants du nouveau code minier est l’accent mis sur le contenu local. La loi oblige désormais les entreprises minières à confier au moins 51 % de leur sous-traitance à des sociétés maliennes. Cette mesure vise à favoriser l’emploi local et à renforcer les capacités des entreprises nationales.


Maïmouna Traoré, présidente-directrice générale de CVC Structural Africa et invitée principale de l’émission, a salué cette réforme. « C’est une nouvelle ère pour l’entrepreneuriat malien », a-t-elle déclaré. « Avant, il était difficile pour les Maliens d’obtenir des marchés dans le secteur minier. Aujourd’hui, nous avons la chance de mettre en valeur notre main-d’œuvre locale et de rivaliser avec les expatriés. »


Cependant, Mme Traoré a également souligné les défis auxquels font face les entreprises locales, notamment en matière de financement et de formation. « Les entreprises minières n’ont plus d’excuses, mais il faut un système d’accompagnement pour que les entrepreneurs locaux puissent exécuter les marchés qui leur sont confiés », a-t-elle expliqué.


L’Impact Budgétaire : Des Gains Supplémentaires Attendus

Selon les prévisions du ministère de l’Économie et des Finances, le nouveau code minier devrait générer des gains supplémentaires de l’ordre de 600 milliards de francs CFA par an. En 2023, les recettes minières s’élevaient à 400 milliards de francs CFA, mais avec les nouvelles réformes, ce chiffre pourrait atteindre 1 000 milliards de francs CFA d’ici 2025.


Ces gains proviendront non seulement des taxes et redevances, mais aussi des dividendes perçus par l’État grâce à sa participation accrue dans les compagnies minières. « L’État ambitionne de doubler la contribution du secteur minier au PIB, passant de 10 % à 20 % », a expliqué Modibo Mao Makalou, économiste et ancien du secteur minier.


Les Défis à Relever : Formation, Financement et Transparence

Malgré ces avancées, plusieurs défis persistent. Le manque de main-d’œuvre qualifiée et le coût élevé du financement pour les entreprises locales restent des obstacles majeurs. Mossadeck Bally, président du patronat malien, a plaidé pour la création d’une Caisse des Dépôts et Consignations afin de faciliter l’accès au financement pour les opérateurs économiques maliens. « Une mine d’or industrielle nécessite un investissement minimum d’un milliard de dollars. Il n’y a pas d’opérateurs économiques maliens qui puissent mobiliser cela », a-t-il déclaré.


La formation est également un enjeu crucial. « Nous avons besoin d’une école des mines pour former les jeunes Maliens aux métiers de l’industrie minière », a ajouté M. Bally. Cette école, qui pourrait être située à Kayes, région minière par excellence, permettrait de rehausser le niveau de compétence des travailleurs locaux.


Enfin, la transparence dans la gestion des ressources minières reste un défi de taille. Comme l’a souligné Djibril Diallo, géologue minier et président de l’Association pour la Promotion et la Valorisation des Ressources Minières, « l’État ne sait pas exactement quelle quantité d’or est extraite et exportée. Cela représente une perte énorme en termes de recettes fiscales. »


L’Orpaillage : Un Secteur à Encadrer

L’orpaillage, activité informelle qui emploie plus d’un million de Maliens, représente à la fois une opportunité et un défi. Bien qu’il contribue à l’économie locale, il est souvent associé à des pratiques destructrices pour l’environnement. Le nouveau code minier prévoit l’encadrement de cette activité, mais les mesures concrètes restent à mettre en place. « Il faut organiser ce secteur, former les orpailleurs et créer des couloirs d’orpaillage légaux », a expliqué M. Diallo.


Conclusion : Un Avenir Prometteur, mais Sous Conditions

Le nouveau code minier malien représente une avancée significative pour le secteur. En renforçant la participation de l’État, en favorisant le contenu local et en instaurant des mesures fiscales plus avantageuses, il offre une opportunité unique de maximiser les retombées économiques des ressources minières. Cependant, pour que ces réformes portent leurs fruits, il est essentiel de relever les défis liés à la formation, au financement et à la transparence.


Comme l’a souligné Maïmouna Traoré, « il faut choisir les bonnes personnes aux bons postes et mettre en valeur les compétences. C’est ainsi que nous pourrons véritablement tirer profit de nos ressources minières et construire un avenir prospère pour le Mali. »


Avec ces réformes, le Mali se positionne comme un acteur clé dans le secteur minier africain, mais son succès dépendra de la capacité des autorités à mettre en œuvre les mesures d’accompagnement nécessaires et à garantir une gestion transparente et efficace des ressources naturelles.


T-MAK vous remercie vivement d’avoir parcouru l’article de Mali Mining News 


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